Les lézards français de couleur dominante verte.
Bien que le
terme reptile soit encore communément utilisé par commodité il est
remplacé aujourd’hui par sauropside (« saura » :
lézard et « apsis » : liaison), groupe qui inclus
les oiseaux, tous les reptiles actuels et une partie des
reptiles fossiles.
Ordre des
squamates (du latin squama : écaille : même étymologie
que squame, desquamation etc...)
Sous ordre
des sauriens
Famille des
lacertidae (ou lézards « vrais », distincts des varans,
caméléons, iguanes etc...)
En France
trois lézards peuvent présenter une coloration à dominante verte,
le Lézard à deux raies (Lacerta bilineata, Daudin, 1802), Le Lézard
agile ou des souches mâle (Lacerta agilis,Linnaeus, 1758) et le
Lézard ocellé (Lacerta lepida, Daudin, 1802), l’Ariège de
part sa situation géographique a la chance d’accueillir les trois
espèces.
Un peu de biologie…
Comme les
amphibiens et les autres reptiles les lézards sont des animaux
ectothermes, la température du corps varie en fonction de la
température extérieure, ils ne sont donc pas du tout des animaux à
« sang froid ». Cette particularité les oblige par
moment à s’exposer à la chaleur (thermorégulation) pour pouvoir
exercer une quelconque activité, à s’en protéger lorsque
la température est trop élevée en choisissant des caches fraîches
et à hiverner dans des abris hors gel lorsqu’elle devient trop
basse (ces températures sont variables selon les espèces avec des
Températures Moyennes Préférés et des Températures Maxi
Critiques pouvant entraîner la mort, exemple pour le lézard vert
TMP : 32°C et TMC : 40°C).
L’alimentation
est essentiellement composée d’insectes pour le Lézard agile, on
rajoute au régime alimentaire des vers de terre, des
gastéropodes…parfois de petits fruits et exceptionnellement de
jeunes vertébrés pour le Lézard vert et le Lézard ocellé
(oisillons, lézards, micro-mammifères).
Éclosion de lézards agiles. |
Les jeunes, reproductions miniatures de leurs parents, excepté la coloration, sont immédiatement autonomes après l’éclosion.
Femelle de Lézard à deux raies n'ayant pas terminé sa mue. |
Comme chez les serpents la peau se renouvelle plusieurs fois par an au cours de la mue mais contrairement aux ophidiens (serpents) qui perdent la leur en une seule fois, un peu comme si l’on enlève une chaussette ou un gant, chez les sauriens elle se détache par lambeaux durant plusieurs jours.
Une autre
particularité qu’ont les lézards et que l’on rencontre chez
d’autres espèces animales est la faculté de pouvoir perdre une
partie de leur corps volontairement, l’autotomie. Ce phénomène
se manifeste lorsque l’animal se trouve dans une situation de
danger et qu’il doit échapper à un prédateur, en l’occurrence
chez les lézards, ce sera la queue qui se détachera du reste du
corps. Des muscles spécialisés permettent de la briser en
différents endroits prédéfinis, le morceau abandonné s’agite
alors par réflexe au sol occupant ainsi le prédateur durant la
fuite de l’animal. La partie amputée repoussera mais présentera
quelques différences avec l’appendice d’origine (taille réduite,
coloration différente, parfois dédoublement).
Lézard à deux raies avec une queue régénérée. |
Identification, répartition, statut et menaces.
Le Lézard à deux raies (Lacerta bilineata)
Lézard
de grande taille il peut atteindre 40 cm de longueur totale (de
l’extrémité du museau à celle de la queue). Les variations de
coloration dans les teintes vertes sont nombreuses, les mâles,
principalement en période de reproduction sont reconnaissables à la
couleur bleue des écailles situées sur les cotés de la tête et
une partie de la gorge que n’ont pas les deux autres espèces.
Certaines femelles ( photo ci-dessous) peuvent présenter des lignes
blanches sur le dos et les flancs, source souvent de confusions (même
par de nombreux observateurs naturalistes) avec le Lézard agile.
Lézard à deux raies, femelle lignée. |
Les
nouveaux nées sont plutôt uniformément marron sauf gorge et
poitrine jaune-verte.
Jeune Lézard à deux raies. |
Cette
espèce est présente dans le nord de l’Espagne, sur pratiquement
tout le territoire français jusqu’à la vallée du Rhin, elle est
absente de Corse, présente également dans l’ouest de l’Allemagne,
dans le sud de la Suisse, en Italie et en Sicile.
En Ariège
il est assez commun, on le rencontre aisément dans la majorité du
département pour peu qu’il y trouve un habitat favorable, quelques
broussailles bien ensoleillées, haies, murets et tas de pierres,
lisières de bois…et ce jusqu’à l’étage montagnard
(subalpin exceptionnellement) lorsqu’il peut s’élever en
altitude à la faveur de versants bien exposés. Peu farouche il
s’observe facilement.
Statut :
Loi française : intégralement protégé
Directive habitats :
annexe 4
Convention de Berne :
annexe 2
Liste rouge France :
Préoccupation mineure (risque de disparition faible).
Le Lézard agile ou des souches (Lacerta agilis)
Lézard agile femelle. |
Lézard
de taille moyenne 25 cm de longueur totale. Le dimorphisme sexuel est
très marqué (cf .photos), le mâle présente une coloration
verte avec des points noirs sur les flancs la gorge et les
cotés de la tête, le dessus de la tête et le dos est brun (chez
certains individus seulement le bas du dos et le dessus de la queue)
avec deux lignes dorso-latérales blanchâtres plus ou moins
marquées. La femelle ci-contre est totalement brune et ne possède
pas de vert. Quelques ponctuations blanches ou grises jalonnent les
flancs des mâles (parfois) et femelles.
Les
jeunes ressemblent aux femelles.
Jeune Lézard agile |
Largement
répandu en Europe et dans l’ouest de l’Asie avec neuf sous
espèces on rencontre en France Lacerta agilis agilis espèce
nominale
dans le
nord et le centre et dans les Pyrénées Lacerta agilis garzoni
(Palacios &Castroviejo,1975) qui correspondrait à la sous
espèce pyrénéenne. Seule cette sous espèce se rencontre en
Ariège, très rare dans le département il n’est connu
actuellement avec certitude que d’une seule localité sur la
commune de l’Hospitalet près-l’Andorre en continuité des
populations de Cerdagne.
Lézard
montagnard sous notre climat il peut fréquenter des landes,
prairies, tourbières ou éboulis ensoleillés. L’augmentation
globale des températures favorisant la colonisation de milieux
d’altitudes par le lézard vert occidental pourrait être
préjudiciable à l’espèce dans notre région car, occupant les
mêmes habitats, ils entreraient alors en compétition.
Toute
nouvelle donnée de ce lézard en Ariège présente un grand intérêt,
vous pouvez communiquer à l’Association des Naturalistes de
l’Ariège vos observations. Si vous pouvez pensez à prendre des
photos de l’animal, compte tenu des risques de confusions possibles
avec la forme lignée du Lézard vert toute nouvelle localisation de
ce lézard en Ariège sera soumise à homologation.
Statut :
Loi française : intégralement protégé
Directive habitats :
annexe 4
Convention de Berne :
annexe 2
Liste rouge France :
Préoccupation mineure (risque de disparition faible).
Le Lézard ocellé (Lacerta lepida)
C’est
le plus grand des lézards d’Europe, de 40 à 60 cm de longueur
totale en France, en Espagne certains individus peuvent atteindre
jusqu’à 90 cm ! Il est facilement identifiable lorsque l’on
peut l’observer convenablement, c'est un lézard robuste avec une
tête massive, les ocelles bleus sur les flancs sont
caractéristiques. Les femelles ressemblent aux mâles avec une tête
nettement plus fine. Les
jeunes
ont une coloration très différente des adultes, la teinte de
fond est brune (puis plus tard verdâtre) avec des ocelles clairs
sur tout le corps, crème sur le dos et légèrement bleutés
sur les flancs.
Jeune Lézard ocellé. |
Le
lézard ocellé occupe une grande partie de la péninsule Ibérique
et certaines régions littorales du sud et de l’ouest de la France.
En Italie il est cantonné à la région ligure, jusqu’à Portofino
vers l’est où il n’a pas été confirmé par des observations
récentes. Il est en nette régression dans toute son aire de
répartition. Il est l’ôte caractéristique des milieux ouverts
méditerranéen, landes, prairies sèches, sols caillouteux, terreux
ou rocheux avec peu de végétation, dunes littorales…
Rare en
Ariège il semble avoir disparu de certaines localités et
seules quelques populations assez distantes les unes des autres ont
été contactées récemment. Sa présence reste néanmoins
potentielle dans toutes les zones du département « à
influences méditerranéennes » possédant encore le genre de
milieux qu’il affectionne.
Comme pour
le lézard agile prenez des photos et contactez l’A.N.A. dans le
cas d’observations de ce lézard en Ariège.
Statut :
Loi française : protégé mais curieusement pas son habitat
contrairement aux deux autres.
Directive
habitats : néant, alors qu’il est classé vulnérable sur la
liste rouge.
Convention de Berne :
annexe 2
Liste
rouge France : vulnérable
Ces
lézards, comme tous les êtres vivants, ont besoin d’un
environnement favorable pour réaliser leur cycle de reproduction,
s’alimenter, thermoréguler, hiverner… Ils doivent trouver des
abris convenables proches des terrains de chasse (où
subsistent des insectes et autres proies) autour desquels ils
pourront s’insoler en toute sécurité. Ces endroits,
malheureusement, ont tendance à se raréfier, notamment en plaine.
L’agriculture intensive via le remembrement (arrachage des haies,
destruction des murets...), l’utilisation importante de pesticides,
de raticides contribue largement à la diminution des zones propices
pour ces animaux. La déprise pastorale accélère également
la fermeture de certains milieux ouverts qu’affectionnent les
lézards, l’extension sans fin de l’urbanisme morcelle ou détruit
inexorablement leurs habitats et les axes de communications
entres les différentes populations, les jardins aseptisés
d’aujourd’hui ne sont plus vraiment accueillant (anti-
limace, désherbant, souricide, etc.…). Peu ou mal connus de par
leur discrétion, ils pâtissent souvent du fait que ce que l’on ne
voit pas n’existe pas …
Tout ceci
constitue des obstacles souvent insurmontables au maintien de
populations viables.
Le défi,
serait d’inverser la tendance actuelle si nous voulons que dans le
futur ces petits « dinosaures » continuent simplement
d’exister parmi nous.
Références :
Guide des
reptiles et amphibiens de Midi-Pyrénées Nature Midi-Pyrénées
(Gilles Pottier)
Le lézard
ocellé Marc Cheylan et Pierre Grillet Belin éveil nature
Site
internet de la Société Herpétologique de France
Reptiles et
batraciens de France Philippe Geniez et Marc Cheylan Educagri
édition
Bonjour,
RépondreSupprimerMerci de votre visite.
Il s'agit sans doute d'un Lézard vert occidental, la coloration verte est variable d'un individu à l'autre, le Lézard agile n'est pas présent dans cette partie de la France et le Lézard ocellé est reconnaissable à ses ocelles bleues. Si vous parvenez à le prendre en photo n'hésitez pas à me l'envoyer pour confirmation.
Cordialement
Bonjour,
RépondreSupprimerFélicitation pour votre blog très documenté. Cependant, pourriez vous me dire quel est le nom de celui que j'appelle le lézard commun?
Je l'ai pris en photo il y a quelques mois (http://lemondeselonpierre.over-blog.com/article-35584633.html)
Merci de vos conseils.
Pierre
Bonjour, Il s'agit d'un Lézard des murailles, Podarcis muralis, c'est le plus commun de nos lézards "gris". Cordialement
RépondreSupprimerRe bonjour,
RépondreSupprimerMerci de votre réponse rapide. Cela fait plaisir.
A très bientôt sur votre blog.
Bravo pour votre site très bien documenté avec de belles photos. J' ai découvert dans mon jardin (j'habite dans le gard, au pied des cévennes), en bordure de mare, dans les bambous un lézard vert de 25 à 30 cm environ de colori uniforme vert pomme, très agile et sans doute très peureux! Connaitriez vous cette espèce? je ne l' avais jamais vu auparavant.
RépondreSupprimerA vous lire, cordialement, Jean-Marc